(Par F-M GERARD et X.
ROEGIERS)
NOTE DE LECTURE
Il s’agit d’un article dans
lequel les deux auteurs tentent de mettre en lumière les liens qui devraient
exister entre les programmes d’enseignement et l’évaluation. Ils marquent
d’entrée de jeu leur point de vue sur l’effectivité de ce lien par le fait l’évaluation
est l’instrument primordiale sans lequel on ne saurait mesurer et attester la
qualité des résultats et partant, de l’efficacité de tout processus
d’enseignement-apprentissage. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la
majorité des curriculums réservent une part importante à l’évaluation qui ne
devrait pas, il faut s’en méfier, être considérée comme la principale voire
même la seule finalité des enseignements car, ce n’est pas l’évaluation seule
qui permet aux élève d’acquérir les connaissances.
Les auteurs ont emprunté deux
voies pour mettre en évidence ces liens. Ils ont dans un premier temps
argumenté leur position en puisant dans la littérature consacrée à ce sujet
ainsi que les pratiques à travers le monde.
Dans un deuxième temps ils ont
procédé à une étude de cas portant sur l’introduction de la pédagogie
d’intégration dans le cycle primaire à Madagascar.
Des liens
entre évaluation et curriculum
Au regard de ce qui précède, l’on
peut s’interroger de savoir quels sont ces liens qui existent entre
l’évaluation et les curriculums ?
L’évaluation est présente à
toutes les étapes du processus de l’enseignement-apprentissage. Elle peut
prendre la forme externe ou la forme interne. Elle est Interne lorsqu’elle est
pratiquée à différents étapes des apprentissages par l’enseignant lui-même
(évaluation formative ou évaluation sommative). L’évaluation externe quant à
elle est celle faite par des personnes étrangères à la salle de classe ; C’est
le cas de l’évaluation certificative ou de l’évaluation des systèmes éducatifs.
Cependant les auteurs regrettent le fait que les autorités allouent plus de
moyens pour l’évaluation des produits de l’éducation (systèmes éducatifs) au
détriment des appuis aux enseignements et aux apprentissages proprement dits.
Ce déséquilibre entre les moyens alloués aux évaluations et ceux alloués aux
enseignements est particulièrement présent dans certains pays africains.
Cependant, les récents développements
des systèmes éducatifs dans de nombreux pays tendent à favoriser l’émergence d’une
autre culture de l’évaluation : celle qui prend de plus en plus compte du
niveau et de la qualité des acquis scolaires des élèves. C’est ce que
préconisent par exemple les curriculums développés en termes de compétences,
d’autant plus l’évaluation des acquis chez les élèves est un outil déterminant
la réussite de l’une ou l’autre approche.
L’autre aspect qui témoigne de
ces liens forts est le fait qu’une bonne démarche d’élaboration des programmes d’études
est celle qui place l’évaluation au cœur du processus d’enseignement-apprentissage ;
rompant ainsi avec l’ancienne pratique dans qui concevait la rédaction des curriculums
et la confection des outils d’évaluations comme deux procédures séparées. On
préconise désormais une démarche globalisante qui inclurait les contenus, l’organisation
des apprentissages, l’évaluation, la formation des enseignants et le matériel
didactique. En d’autres termes il faut penser dès le départ aux situations qui
permettront d’enseigner et d’évaluer les compétences des élèves.
Toutefois, il faudrait se garder
de trop concevoir des curriculums uniquement dans l’optique de l’évaluation car
les enseignants s’y cantonnerait et n’abandonneront pas leurs anciennes
pratiques. Il serait plutôt judicieux de bien prévoir les différentes
situations d’apprentissages auxquelles sera confronté l’élève pour construire
ses compétences. Il s’agit là d’un équilibre nécessaire qu’il faudrait établir
entre les activités d’évaluation et les activités d’apprentissage.
C’est cette démarche qui est
adoptée dans la nouvelle approche d’élaboration des curriculums définis en
termes de compétences. Cette tendance s’accompagne de la montée en puissance
des épreuves internationales destinées à la comparaison des systèmes éducatifs
les uns par rapport aux autres. C’est d’ailleurs sur la base de ces standards
internationaux que plusieurs pays s’appuient pour perfectionner leurs
dispositifs d’évaluation externe d’évaluation des acquis des élèves.
Cas de Madagascar
Le choix de cas d’introduction de
curriculums selon l’Approche par compétence, réalisé entre 2003 et 2009, permet
de voir à quel point la définition d’un curriculum selon les compétences sous-tendue
par une pédagogie d’intégration est intimement dépendant du dispositif mis en
place pour évaluer les acquis des l’élèves à diverses étapes du processus
(paliers des compétences).
A l’origine du projet, un
diagnostique a fait ressortir le caractère inefficace et inéquitable des
pratiques en vigueur chez les enseignants du primaire. Pour y remédier la
solution adoptée consistait à l’adoption de l’APC selon la démarche suivante :
- Recherche action sur l’intégration des apprentissages au moyen des cahiers de situations ;
- Formation des enseignements et des encadreurs à l’APC ;
- Constitution d’une base de données pour pilotage du dispositif sur la base des acquis des élèves (2 cohortes constituées d’un échantillon expérimental APC et d’un échantillon témoin non-APC)
On applique les principes APC à l’échantillon
expérimental tandis que l’échantillon témoin est formé avec les méthodes
anciennes. Des évaluations sont réalisées à différentes étapes du processus
(chaque année).
A la fin on dresse un bilan sur
la base des résultats de Pré-tests et Pos tests sur 2 ou 3 compétences retenues
en Malagasy, Mathématiques et Français.
En comparant les résultats on
constate que tous les résultats de l’échantillon APC sont très
significativement supérieurs à ceux de l’échantillon témoin (Non-APC). Ceci est
du à l’introduction des modules d’intégration à la fin de chaque bimestre.
Toutefois les auteurs remarquent
que les résultats, bien que satisfaisants, ne reflètent un niveau de maîtrise
réel. Il importe donc de renforcer les capacités des enseignants sur l’enseignement
l’apprentissage dans le cadre d’une pédagogie d’intégration.
Le double recentrage que prônent ici les auteurs aurait deux objectifs : d’une part le recentrage externe
pourrait conduire à la réduction des moyens dédiés à l’évaluation des systèmes
éducatifs au profit de ceux consacrés aux processus d’apprentissage proprement
dits er d’autre part le recentrage interne privilégierait la conduite des
enseignements en s’appuyant sur des situations complexes à même de renforcer la
pertinence sociale des acquis des élèves.
Un article de F-M
GERARD et X. ROEGIERS (BIEF) que vous pouvez lire ici
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